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Abstract

Introduction : En Suisse, chaque année, environ 16'000 personnes de moins de 64 ans et ainsi en âge de travailler sont diagnostiquées d’un cancer (Organisation mondiale de la Santé, 2020). Une grande partie de cette population reprend une activité professionnelle après la maladie, y compris celles et ceux exerçant dans le secteur de la santé. Bien qu'il existe une littérature sur le retour au travail après un cancer, elle se concentre généralement sur des populations plus larges, sans prendre en compte les particularités des professionnel·le·s de la santé ayant vécu cette expérience. Ceci laisse donc un vide dans la compréhension des défis uniques qu’ils·elles rencontrent. Ces défis comprennent non seulement les aspects physiques et psychologiques liés à leur propre expérience de la maladie, mais aussi la difficulté accrue de réintégrer un métier physiquement et émotionnellement exigeant. En plus de gérer leurs propres symptômes post-cancer, ils·elles doivent faire face à la détresse et aux souffrances des patient·e·s, qui peuvent parfois refléter leurs propres expériences. Cette étude s’intéresse aux professionnel·le·s de la santé HES (niveau de formation bachelor en haute école spécialisée). La question de recherche principale est : « Comment les professionnel·le·s de la santé HES atteint·e·s d’un cancer vivent-ils·elles la reprise d’une activité professionnelle dans le milieu des soins ? ». Buts : Le but de ce travail est d’explorer l’expérience du retour au travail des soignant·e·s atteint·e·s par le cancer. Ainsi, ce travail pourrait permettre une meilleure compréhension de ce que vit cette population, améliorer l’accompagnement et enrichir la réflexion sur les moyens de limiter l‘épuisement ou les ruptures de parcours professionnels dans ces professions. Méthode de recherche : Ce travail a été réalisé à l’aide d’une méthodologie qualitative descriptive. Une stratégie d’échantillonnage raisonné a été adoptée afin de constituer un échantillon ciblé. La méthode de recrutement a consisté à utiliser la technique de boule de neige, complétée par l'utilisation de réseaux en ligne, pour identifier et recruter les participant·e·s de l'échantillon. Une fois le nombre de participant·e·s voulu·e·s atteint, des entretiens individuels semi-structurés ont été effectués auprès de cinq participant·e·s. Les données récoltées ont ensuite été retranscrites puis analysées selon la méthode d’analyse thématique afin de répondre à la question de recherche. Résultats : L'analyse des résultats met en lumière le sens et les motivations du retour au travail après un cancer, tout en révélant les obstacles et les facilitateurs qui influencent ce processus. Les participant·e·s expriment une réévaluation de leurs priorités, plaçant leur bien-être personnel au centre de leurs préoccupations. Cette expérience de vie, bien qu’éprouvante, favorise également une transformation de leur posture professionnelle, enrichissant leur capacité à établir des liens empathiques avec leurs patient·e·s. Ainsi, le retour au travail apparaît comme une période à la fois difficile et riche en opportunités de croissance personnelle et professionnelle. Discussion/conclusion : Cette étude révèle les défis rencontrés par les professionnel·le·s de la santé lors de leur retour au travail après un cancer, notamment les difficultés relationnelles liées à la stigmatisation, les préjugés, et les effets secondaires persistants tels que la fatigue et la fragilité physique. Les participant·e·s ont souligné la nécessité d'un soutien social approprié de la part des collègues et de la hiérarchie, ainsi que d'un cadre de travail flexible avec des adaptations spécifiques. Ils·elles ont également indiqué l'importance des activités extra-professionnelles pour maintenir un équilibre entre vie professionnelle et personnelle. Les changements observés incluent une réévaluation des priorités personnelles, avec un travail devenu moins central, et une approche professionnelle plus empathique. L’ergothérapie, malgré son absence notable parmi les participant·e·s, apparaît comme cruciale pour gérer les effets secondaires, adapter l'environnement de travail, et faciliter une transition en douceur vers une vie professionnelle active. Les résultats permettent de répondre aux sous-questions sur l’évolution des parcours professionnels, les difficultés rencontrées, les changements observés, et les besoins relatifs au retour au travail, et ainsi à la question de recherche principale. [Résumé des auteures]

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