Résumé

Notre travail interroge l’usage du français dans les classes d’allemand des gymnases vaudois. Via un sondage quantitatif, nous mettons en évidence un usage différencié du français suivant les enseignant.e.s et les contenus enseignés. D’une façon générale, certains enseignants s’en tiennent à l’idéal immersif tandis que d’autres déclarent un usage fréquent du français en classe. Certains contenus, comme la grammaire, apparaissent la plupart du temps enseignés en français. De même, plusieurs aspects de la relation entre enseignant.e.s et élèves, notamment quand ils ne concernent pas directement les contenus enseignés, s'avèrent généralement établis en français. Dans un deuxième temps, des entretiens qualitatifs nous permettent d’approfondir les données quantitatives en interrogeant les déterminants des choix des enseignant.e.s tels qu’ils apparaissent dans le sondage quantitatif. Quatre entretiens sont ainsi réalisés avec des enseignant.e.s issus de trois gymnases vaudois différents. Les enseignant.e.s sont sélectionnés en fonction de leur profil et de leurs réponses au questionnaire: deux enseignant.e.s ont le français pour langue première alors que les deux autres sont de langue allemande, deux se rattachent à l’idéal immersif alors que les autres se déclarent critiques face à la possibilité de l’immersion en milieu scolaire. Les entretiens mettent en lumière le rôle des propres expériences scolaires des enseignant.e.s dans la conception de l’enseignement scolaire de l’allemand qu’ils défendent et par conséquent sur la place qu’ils confèrent au français en classe. De même, les entretiens mettent évidence plusieurs caractéristiques du contexte scolaire qui sont autant d’incitatifs à utiliser, quoique souvent à contre-cœur, le français: l’importance de la relation pédagogique, l’impératif de tenir compte des élèves les plus faibles et la gestion du temps, entre autres. Aussi corrélée soit-elle avec le type d’enseignement de langue prodigué (centré sur la forme et l’écrit ou à l’inverse sur le sens et les “compétences”), la question de l’usage du français en classe d’allemand apparaît étonnamment peu discutée au sein des files d’allemand.

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