Fils de François, pasteur, et de Marie Langin, Jean Daniel Abraham Davel nait à Morrens en1670. Après des études à Lausanne, il devient notaire baillival à Cully en 1688 et commissaire arpenteur. Il s’installe à Cully. Dès 1692, Davel embrasse une carrière militaire au service du Prince Eugène de Savoie puis de de John Churchill, duc de Marlborough d’Angleterre. C’est en 1712 qu’il participe à la campagne de Villmergen (Canton d’Argovie) où son sang-froid fait sa réputation. Rentré à Cully la même année, il reprend son activité de notaire. A Berne, il reçoit le grade de Major et reçoit une rente à vie puis en 1717, il est nommé par les Bernois à la tête du commandement des milices vaudoises de l'arrondissement de Lavaux.

Prenant à son compte le mécontentement latent qui règne dans le Pays de Vaud (en particulier lors de l'affaire du Consensus) et conspuant la décadence des mœurs de l’époque, Davel homme profondément pieux se sent appelé par des visions mystiques à libérer sa patrie occupée par les Bernois depuis 1536.

Seul, il met en place une stratégie pour libérer le Pays de Vaud. Il convoque ses troupes, 600 hommes, qui sont mobilisés le 31 mars 1723 sur la Place d’Armes de Cully. Alors que tous les baillis sont à Berne pour l'attribution des emplois gouvernementaux, il monte sur Lausanne avec ses hommes. A l'Hôtel de Ville, Il s'adresse au Conseil municipal en lui présentant un manifeste par lequel il reproche les nombreux abus du gouvernement bernois. Il appelle les autorités à se libérer de cette domination et rend alors public son plan visant à l'autonomie du Pays de Vaud. Les autorités lausannoises feignent de le suivre dans son entreprise, mais alertent Leurs Excellences par un rapport secret adressé immédiatement à Berne. Son manifeste est considéré comme un acte de rébellion. Le Major est jugé, à Lausanne, par le tribunal des bourgeois et des citoyens de la rue de Bourg. Il est condamné à mort. Leurs Excellences de Berne voulaient connaître ses complices, mais même sous la torture, il affirmera que seul Dieu lui a suggéré son entreprise.

Le 24 avril, après avoir pris la parole publiquement, Jean Daniel Abraham Davel est décapité au gibet de Vidy à Lausanne. D'abord reconnu pour ses qualités de courage et de grandeur d'âme, son martyre lui vaudra d'être considéré comme le héros de la liberté du peuple vaudois dès les années 1840, sous les influences conjointes de Frédéric-César de La Harpe et de Juste Olivier, lorsque l'accès aux documents permit de donner une meilleure interprétation à sa tentative de soulèvement. Monuments, sujets littéraires et pièces de théâtre, peintures (dont Le Major Davel de Charles Gleyre, 1850), études et manifestations historiques confirment sa stature de héros.

Sources: Voir aussi: "Le Major Davel, Essai sur la psychologie d'un héros" Etudes de Lettres, 1965,série II, tome 8, p. 23-60 (William Boven). [bcu/Doc. vaudoise/bc/2005/08/17] / Voir aussi : "Henri Monod et le major Davel" Etudes de Lettres, 1960,série II, tome 3, p.120-137 (Jean-Charles Biaudet) ; revue Passé simple no 77, "Le major Davel: 1670-1723, septembre 2022; revue "Allez savoir", 10 janvier, p.9-17, Jocelyn Rochat, "Le major avait perdu la tête. Voici comment et par qui elle fut volée" ; Yves Lassueur, "Sus à l'infâme De Crousaz" L'Hebdo, 12 mars 1992, p.75-76 [bcu/Doc. vaudoise/bc/2005/08/19; màj/pgb/2023/07]