Né à Lausanne le 12 décembre 1887, Henri Stierlin-Vallon fait des études de piano dans sa ville natale, puis à Berlin et Paris. Il donne ses premiers concerts comme pianiste en 1911 à Lausanne, en 1912 à Monte-Carlo et en 1914 à Paris. Suivent des concerts en Egypte, à la Tonhalle de Zurich, avec l'Orchestre de la Suisse romande sous la direction d'Ernest Ansermet, en France, Allemagne, Angleterre et Italie. Il renonce ensuite à sa carrière de virtuose pour se consacrer à la composition.
Parcours de vie
Depuis 1915, Henri Stierlin-Vallon enseigne le piano au Conservatoire de Lausanne dans les classes de virtuosité. De 1919 à 1929, il séjourne en Egypte avec sa femme, Marguerite Chamorel. De retour en Suisse, il reprend l'enseignement au Conservatoire de Lausanne. Il est membre du Conseil de fondation de l'Orchestre de la Suisse romande et de l'Orchestre de chambre de Lausanne. La Radio suisse romande, dont il est collaborateur attitré de 1931 à 1938 en tant qu'animateur de causeries musicologiques très appréciées, se révèle un terrain propice à ses facultés créatrices. Il y donne de nombreuses conférences sur divers aspects de la musique, dont la musique baroque. Vivaldi et Corelli par exemple retiennent son attention, ce qui était relativement nouveau pour l'époque. En 1937, l'œuvre la plus importante d'Henri Stierlin-Vallon est créée: Jedermann ou la mort de l'homme riche pour soli, chœur et orchestre symphonique au Théâtre de Verdure de Montoie à Lausanne. L'auteur en fait une adaptation radiophonique qui est jouée par l'Orchestre de la Suisse romande en 1943.
Evénements, réalisations et œuvres marquantes
De 1938 à 1948, Henri Stierlin-Vallon habite Morges, où il est nommé délégué du Conservatoire de Lausanne. Il décède le 14 février 1952 à Lausanne, trois jours avant la création à la Radio suisse romande de son jeu radiophonique Arion, chantre d'Apollon, dont le scénario est signé par son fils, Henri Stierlin.
Sources
Dictionnaire des musiciens suisses, Zürich, Atlantis Verlag, 1964, pp. 358-359 ; Jean-Louis Matthey et Martine Rey-Lanini, Henri Stierlin-Vallon, chronologie biographique et catalogue des oeuvres, avec la préface de Julien-François Zbinden, Lausanne, Bibliothèque cantonale et universitaire, 1996; Feuille d'avis de Lausanne, 1952/02/16, p. 26; Gazette de Lausanne, 1952/02/16, p. 4 [BCU/MU/fru/2008/02/20]
Enregistrement(s) RTS disponible(s) sur les postes d'écoute de la BCU Lausanne (site Riponne).
Causerie de Henri Stierlin-Vallon sur "Le Ranz des vaches" gruérienDate: 05.09.1939Int./Part.: Stierlin-Vallon, HenriMinutage: 0:04:57
Notes
A l'examen du catalogue de ses œuvres, on peut constater que, mis à part la musique de chambre, les musiques dramatiques et radiophoniques, l'essentiel du talent de cet artiste a été consacré au piano (piano et piano avec orchestre) et à la voix (pièces pour chant et piano ou orchestre). Deux bonnes raisons à cela : lui-même était un pianiste remarquable et son épouse Marguerite Stierlin-Vallon possédait une très belle voix. D'une manière générale, les œuvres pianistiques d'Henri Stierlin-Vallon font appel à des moyens techniques de haut niveau. L'influence de Debussy et de Ravel y est manifeste. Il se révèle un véritable impressionniste par le besoin qu'a sa pensée musicale de se fonder sur un sujet défini, ce qui est explicité par les très nombreux titres qu'il donne à ses pièces pour piano. Il ne s'agit pas pour lui de composer de la musique descriptive, mais en quelque sorte de capter le message poétique du sujet choisi et de le restituer en musique. L'écriture de Horizon, Aziza la danseuse ou Moresque situe Henri Stierlin-Vallon également dans la grande tradition romantique, écriture aussi belle que certaines pièces de Liszt, voire même d'Albéniz, mais avec de subtiles couleurs, des détails inattendus qui le situent bien dans son époque. La mélodie lui permet d'évoquer avec plus de précision, d'intensité, de raffinement le contenu poétique du sujet choisi. Les Chansons tristes témoignent d'un beau sens dramatique, que l'on retrouve d'ailleurs dans In modo concertante, dont l'ostinato du premier mouvement conduit à une sorte d'hallucination. La Chanson simple et les Chansons lointaines offrent de belles mélancolies à l'oreille comme à l'âme. Mais les mélodies ne lui font pas oublier la partie du piano qui n'est jamais reléguée au rôle d'accompagnement. Le piano, ici, est un partenaire égal à la voix. Son écriture est aussi soignée, aussi riche et accomplie que dans les œuvres purement pianistiques. Il fait partie intégrante du contenu poétique.