Né le 22 mai 1885, fils de William Rivier, pasteur de l'Eglise libre vaudoise, Louis Rivier est tôt attiré vers la peinture par Eugène Burnand et Paul Robert, dont il écrira la biographie. Membre dès 1901 de la Société vaudoise des beaux-arts qu'il présidera entre 1929 et 1932, il s'installe en 1904 à Paris pour y apprendre à peindre. Il voyage ensuite en Belgique et en Italie fasciné par les primitifs flamands et la renaissance italienne. Il expose au Salon de la Société nationale des beaux-arts à Paris en 1914. Membre de l'Eglise protestante et fortement soutenu par son élite, Louis Rivier parvient à rompre la méfiance de son Eglise face aux images. D'inspiration religieuse, élevée au rang "d'art missionnaire", sa peinture entre dans les temples protestants sous forme de fresques ou de vitraux, notamment à Mex, Bercher, Denezy, Bottens ou dans les temples lausannois des Terreaux et de Villard.
Parcours de vie
En 1910, alors que "les murs nus de l'aula sont d'une monotone grisaille", faute de moyens pour avoir pu réaliser avant 1906 les peintures prévues par l'architecte Gaspard André, Louis Rivier propose une décoration monumentale. En 1914, Jean-Jacques Mercier offre de financer l'artiste pour la durée des travaux: Louis Rivier a participé à la décoration de son château du Pradegg, à Sierre en 1907. Les travaux de l'Aula commencent en 1915, ils dureront jusqu'en 1923 et représentent 1000 mètres carrés de peinture. Le style choisi par Louis Rivier est en harmonie avec l'architecture historiciste du Palais et la destination de l'Aula. La fresque offre "l'image de l'union harmonieuse de la science, de l'art et de la religion, au service d'une élévation spirituelle de l'humanité", caractère religieux en accord avec l'université issue de la Réforme. Mais la lecture de l'œuvre de Rivier exprime un sentiment ambivalent à l'égard de la science dont à certains détails de l'œuvre, on remarque qu'elle est plutôt soumise à la théologie que son égale, dans une vision très médiévale de leurs rapports. Les côtés latéraux où sont représentées douze figures allégoriques des facultés sont surplombés par une voûte toute entière consacrée à la religion. Le 21 avril 1923, l'Aula ainsi transformée accueillera la clôture de la Conférence de Lausanne sur le Moyen Orient.
Evénements, réalisations et œuvres marquantes
La décoration de l'Aula du Palais de Rumine rend l'artiste célèbre dans la région grâce aux recensions généralement élogieuses parues dans la presse. En 1925, Rivier expose ses œuvres à la Grenette, en face du palais. Il fréquentera encore d'autres d'expositions nationales et internationales d'art sacré. Il est un peintre reconnu, membre des sociétés des beaux-arts de Paris, Londres, etc. Son activité de critique d'art se développe avec entre autres une biographie consacrée à son ami le peintre neuchâtelois Paul Robert (1927). Mais si la technique de Rivier évolue, ses sources d'inspiration ne changent guère. L'après-guerre le laissera marginalisé.
Fin de vie
Louis Rivier meurt le 20 janvier 1963 à Lausanne. En 2013, une exposition est réalisée au Musée historique de Lausanne (MHL) présentant des peintures, pour la plupart jamais reproduites, des esquisses, des dessins tracés dans les agendas et les carnets du peintre.
Sources
Dictionnaire biographique de l'art suisse, Zurich, 1998, vol. 2, p. 877-878 ; Dario Gamboni, Louis Rivier (1885-1963) et la peinture religieuse en Suisse romande, Lausanne, 1985 ; Dave Lüthi, Les chapelles de l'Eglise libre vaudoise, Lausanne, 2000, p. 175-179 [BCU/Doc.vaudoise/bs/2013/05]
Notes
1923: les fresques de l'Aula du Palais de Rumine La science panneau nord: scène partagée en plusieurs plans, évoquant la découverte du feu et ses usages, de nombreux personnages illustrant différentes attitudes possibles devant les découvertes, surprise, indifférence, admiration, etc., et encore l'enseignement de la science. La frise entourant la fresque représente des hommes nus s'efforçant de sortir du cadre: les Géants de la mythologie qui ont manqué de respect aux dieux et ont été punis. L'ensemble dénote un manque d'intérêt du peintre pour la science qu'il réduit à ses découvertes élémentaires et à des postures simples et qu'il place dans la dépendance de la religion.Les arts panneau sud: dans le cadre entourant la fresque des enfants et des fleurs, dans le plan central un homme endormi qui est éveillé au monde spirituel par Apollon, les neuf Muses et des anges musiciens. Vision idéale de l'art, réunissant les tradition antique et chrétienne, sans souci d'évoquer les personnalités réelles de la littérature ou des arts.La religion le plafond: ensemble de 20 scènes encadrant une scène centrale de grande taille consacrée à l'agneau immolé sur la croix et entouré des quatre évangélistes, les autres espaces évoquant dans une perspective historique des épisodes fortement théâtralisées de l'histoire biblique 1923: au Palais de Rumine à peine sèche, l'Aula accueille le 24 juillet 1923 la cérémonie de signature du traité de Lausanne qui met fin à la Première guerre mondiale entre les Alliés et la Turquie. Les troupes qui occupent Constantinople se retirent: c'est la reconnaissance du jeune Etat turc moderne. De nouvelles frontières sont tracées entre la Turquie et la Bulgarie, la Grèce, la Syrie et l'Irak. Des échanges de population ont lieu entre Turquie et Grèce, Arméniens et Kurdes font les frais de la paix. D'après Patrick Schaefer, L'aula de Rumine: le décor de Louis Rivier, Lausanne, 1987 Consulter les coupures de presse relatives à Louis Rivier dans les Archives du Temps.