L’hypothèse défendue dans ce travail postule une importance de la dimension incarnée de l’enseignant dans le processus d’apprentissage dans la mesure où elle serait le potentiel levier du développement, chez les élèves, d’un plaisir d’apprendre et le lieu d’une mimétique de l’amour du savoir. Aux yeux des élèves, l’enseignant apparaît comme une incarnation du savoir qu’il représente et, à ce titre, il peut témoigner de l’enrichissement, de l’amélioration et du bien-être qui peut représenter ce savoir pour la vie. Autrement dit, un enseignant dont la figure (incarnation, corporéité et compétences sociales corolaires) reflète un savoir vivant, dynamique, séduisant, a des chances de susciter chez les élèves une association plaisir-savoir, c’est-à-dire d’éveiller une curiosité, de déclencher un intérêt contribuant ainsi à l’éducation au sens large. L’idée selon laquelle la notion d’incarnation serait une composante fondamentale, un instrument au service du savoir, dans le processus d’apprentissage, suggère qu’elle devrait faire partie intégrante de la formation des enseignants, autant sur le plan théorique que pratique. Si force est de constater que ce n’est pas encore le cas, le théâtre de mouvement représente, à l’égard de la dimension pédagogique du corps des enseignants, un outil puissant que les écoles pédagogiques pourraient employer de manière orientée et pertinente. Une fois que l’on pose l’hypothèse selon laquelle les élèves apprendraient, dans un processus mimétique, une certaine attitude vis-à-vis du savoir, à partir du rapport de l’enseignant à son propre corps, on ne peut plus faire l’économie d’une réflexion sur les moyens de travailler cet aspect de l’enseignement. Or, dans ce contexte, il semble pertinent d’embrayer un rapprochement entre le phénomène pédagogique et le phénomène théâtral suggérant que le travail mené sur le corps du comédien dans le cadre de sa formation indique une direction possible pour l’élaboration d’une didactique de la dimension pédagogique du corps des enseignants.