Résumé

Ce travail part de la prémisse qu’à l’heure actuelle on vit dans un contexte global dans lequel avoir de l’empathie et vouloir vivre dans un monde où la justice sociale règne sont socialement construits dans l’imaginaire collectif comme des traits négatifs. Dans mes travaux de recherche (voir Giraldo 2021 ; Giraldo In press), j’avance que cette construction sociale - qui est mise en oeuvre au travers les appareils idéologiques de l’état et la société civile - fait partie de ce que Rita Segato (2018) a dénoté comme "les pédagogies de la cruauté". Ces pédagogies, comme je le soutiens ailleurs (Giraldo In press), entraînent les gens dans l’acceptation d’un modèle hiérarchique d’organisation sociale dans lequel certaines personnes - non-blanches et migrantes politiques et économiques (du sud global vers le nord global) - sont marquées par l’altérité et placées dans les niveaux inférieurs de la pyramide sociale. Cela constitue une forme très particulière d’éducation morale qui naturalise, favorise et pérennise la cruauté. Le projet a été conçu comme un exercice créatif d’ethnographie permettant aux élèves de deux classes de l’école de maturité du gymnase où j’ai fait mon stage - dont une grande majorité des élèves sont issue de l’immigration - d’aborder leur histoire familiale d’immigration non pas comme quelque chose dont il faut avoir honte, mais comme ce qui fait partie de leur histoire personnelle et, à la fois, de l’histoire des pays d’origine de leurs familles et de la Suisse. En faisant de l’immigré la norme plutôt que celui personnifiant l’altérité, le projet vise à remettre en cause les logiques hiérarchisantes derrière l’établissement de la "différence coloniale" (see Mignolo 2000) en tant que force de structuration sociale puissante. Il cherche à contrer les "pédagogies de la cruauté" et constitue ainsi une mise en oeuvre pratique de ce que j’appelle "les pédagogies du care"   (Giraldo In press).

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