Résumé

Un des objectifs parfois négligés de l’enseignement des sciences expérimentales au secondaire II est d’initier les élèves à une réflexion  épistémologique sur la connaissance scientifique. Dans les trente dernières années, une part importante de la littérature didactique anglo-saxonne consacrée   ce sujet s’est cristallisée autour du concept de nature of science. Il s’agit là d’une transposition, à destination d’ élèves du secondaire I et II notamment, des acquis de la sociologie, de la philosophie et de l’histoire des sciences contemporaines; elle vise à offrir de la connaissance scientifique une image plus réaliste, débarrassée de mythes répandus tels que l’inductivisme ou le réalisme naïfs, l’infaillibilité de la méthode scientifique ou la nature linéaire du progrès des sciences. Quelques principes utiles   l’enseignant de sciences expérimentales se dégagent des débats récents sur la didactique de la nature of science. Ainsi, l’idée que l’enseignement de ces matières ne saurait se faire de manière implicite : on n’apprend pas ce que la science est simplement en en faisant ou en en assimilant les contenus; le questionnement épistémologique doit  être thématisé et s’exercer en tant que tel pour que la représentation que les élèves se font de la science se nuance ou se transforme. Par ailleurs, l’acquisition de compétences épistémologiques passe chez l’ élève par l’explicitation de ses représentations préalables et une réflexion sur leur pertinence à la lumière d’informations sur le fonctionnement effectif de la connaissance scientifique. Les difficultés rencontrées par les élèves face à cette matière passablement abstraite peuvent être allégées en faisant appel à l’histoire des sciences, sous forme d’anecdotes ou de récits aménagés ou encore d’approches semi-immersives dans lesquelles les élèves reproduisent les raisonnements voire les expériences de grands savants du passé. Cette approche historique permet d’obtenir un traitement subtil des questions  épistémologiques et de les nourrir d’exemples concrets qui facilitent la compréhension et la mémorisation. Je suggère pour conclure qu’un traitement particulièrement riche des questions épistémologiques pourrait émerger d’une collaboration entre sciences expérimentales et philosophie, les premières prenant en charge l’exposition, dans une perspective historique, des connaissances scientifiques et techniques en jeu et la seconde explicitant les concepts philosophiques nécessaires à une bonne compréhension des caractéristiques de la connaissance scientifique.

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