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Abstract

Face à l’absence de femmes dans une tradition philosophique presque exclusivement masculine, le présent mémoire cherche à dégager une posture enseignante pertinente dans l’enseignement de la philosophie. En prenant pour point de départ la pensée d’Arendt sur l’éducation – seule femme intégrée assez régulièrement dans les programmes – il questionne le rapport de l’enseignant.e à l’histoire de la philosophie. Faut-il faire table rase du passé ou élargir nos vues sur lui ? S’agit-il de répéter les cours qui nous ont été donnés sur les bancs du gymnase et de l’université ou d’entrer dans une démarche plus investigatrice ? Devant l’évidence – si bien mise en lumière par Arendt – du rôle fondamental du passé pour la condition humaine, la distinction entre tradition et passé permet de maintenir vivante la dimension du passé en s’affranchissant en partie de la tradition. Dans cet élan, le travail propose un répertoire historique de femmes philosophes qui peut servir de base à un enseignement futur. Il souligne aussi l’importance de thématiser les rapports de genre en tant que tels dans l’enseignement afin de nommer les structures patriarcales. Arendt conçoit l’école comme un sas entre la vie et le monde. Cette position particulière a pour paradoxe que l’enseignement doit, selon elle, être conservateur pour permettre à la nouveauté – y compris politique – d’advenir. Le travail interroge le sens de cette position d’un point de vue féministe. La séparation privé/public pose problème. L’éducation joue un rôle majeur dans la reproduction des rapports inégaux de genre. Le rôle des représentations est indéniable. Agir là-dessus avec précaution est le seul moyen de permettre à tous et toutes les élèves de développer le dialogue intérieur indispensable à la pensée et à l’action. Enfin, un axe du travail questionne la philosophie elle-même : Comment se positionner face à elle qui s’est construite par exclusion des femmes ? Faut-il avoir peur d’interroger la construction de notions telles que la « raison » ou « l’universel » ? Une certaine détente à cet égard est indispensable pour ne pas figer la pensée philosophique par crainte de la déconstruction postmoderne et de perte du sens commun. Au contraire, élargir les lectures peut construire un sens vraiment commun qui enrichit le débat politique par la pluralité des vues. La distinction entre éducation et politique permet, toutefois, de garder la conscience de l’espace spécifique qu’est l’école et de ne pas démissioner du rôle de représentant.e du monde face aux élèves qui est le nôtre.

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