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Abstract
Dans ce mémoire, je vais appliquer la distinction faite par Ruwen Ogien entre le préjudice et l’offense à l’enseignement de sujets sensibles en philosophie. Je commencerai par le récit d’un préjudice que j’ai vécu en tant qu’élève, à la suite d’une expérience de pensée proposée par le professeur. Cela amorcera une réflexion sur les intérêts et les dangers d’un tel outil pédagogique. Après avoir constaté les risques soulevés par les sujets sensibles, il s’agira de montrer en quoi leur enseignement est néanmoins indispensable pour que l’élève développe son autonomie et s’accomplisse en tant que sujet libre. J’aborderai ensuite certains moyens pédagogiques à notre disposition pour enseigner des sujets sensibles. Le débat apparaîtra comme l’option la plus évidente, mais aussi une des plus délicates à mettre en oeuvre. Les émois soulevés par les controverses révèleront l’impossible neutralité de l’enseignant qui devrait plutôt viser une posture d’impartialité engagée. Cela questionnera les limites imposées à la liberté d’expression qui ne sont légitimes que pour prévenir un préjudice, jamais simplement pour éviter l’offense. Enfin, la question des sujets sensibles nous amènera à la manière dont l’enseignant peut exercer sa profession de manière éthique. Il s’agira d’abord de réfléchir sur les contraintes qui accompagnent la responsabilité, conséquence du pouvoir exercé sur les élèves. La sollicitude sera présentée comme le deuxième fondement de cette éthique, indispensable pour considérer les élèves comme des sujets à part entière. Ces deux exigences fortes mettront à jour la nécessité de restaurer un idéal dans l’enseignement, sous la forme d’une tension dynamique vers des valeurs inconditionnées.