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Abstract
Ce mémoire professionnel s’intéresse aux tenues vestimentaires des élèves à l’école obligatoire, question déjà au centre des débats dans certains pays, notamment en Amérique du Nord et au Royaume Uni, mais actuellement encore peu explorée en Suisse. Plus spécifiquement, ce travail se penche sur l’article 115, al. 4 de la LEO exigeant le port d’une « tenue vestimentaire décente » par les élèves, et en particulier sur l’application qu’en fait le corps professionnel de l’école au niveau du secondaire I. Partant de là, notre étude interroge les représentations des adultes travaillant dans les établissements scolaires ainsi que leurs pratiques afin de comprendre leur posture face à la question de la décence des tenues vestimentaires des élèves. Nos données ont été recueillies au moyen de questionnaires récoltés auprès de 51 adultes travaillant dans plusieurs établissements du secondaire I. Les résultats mettent en évidence de vastes divergences concernant le rôle de l’école dans la règlementation des tenues vestimentaires, ainsi qu’une absence totale de consensus autour des critères de la décence. Comme ce concept n’est pas défini juridiquement, les professionnel.le.s des établissements scolaires appliquent la loi sans autres références que leurs propres représentations de cette notion, qui sont souvent empreintes de sexisme, classisme ou racisme. En effet, notre étude illustre que les adultes de l’école conçoivent la décence selon des paradigmes différents pour les garçons et pour les filles. Il en ressort également que les critères pour qualifier une tenue de décente impliquent beaucoup plus d’interdictions pour ces dernières. Dans les pratiques, il ressort de notre recherche que les professionnel.le.s des établissements scolaires attendent généralement des élèves qu’iels sachent distinguer une tenue décente d’une tenue indécente, alors qu’elleux-mêmes n’arrivent pas à un consensus. De plus, l’absence de recommandations dans les mesures à appliquer face aux tenues jugées indécentes donne lieu à des pratiques très hétérogènes. Pour pallier aux problèmes soulevés par notre recherche, nous préconisons notamment la mise en place d’un projet transversal destiné aux élèves autour de l’habillement ainsi qu’une meilleure formation des enseignant.e.s. en matière d’outils d’analyse sociologique et de sensibilisation à la question des inégalités sociales. Cela permettrait d’aller vers une pratique plus inclusive, plus uniforme et réellement éducative concernant la question des tenues vestimentaires.