Notes
Dédicace: au Chœur de la Radio Suisse Romande et à son fondateur et chef André Charlet. Création: Lausanne, Cathédrale, 13 avril 1979, par Etienne Bettens, baryton, le Chœur de la Radio Suisse Romande et l'OCL dirigé par André Charlet. Enregistrement TSR 30-780 pris lors de la création. «La seule musique de caractère religieux que j'aie écrite jusqu'à présent, Alpha, pour ténor et orchestre, était composée sur un texte indien et représentait l'attitude mystique. Cette fois, avec Visions, j'ai voulu exprimer une attitude religieuse dite prophétique, représentée uniquement par le judaïsme, le christianisme et l'islam, et qui diffère foncièrement de celle de l'Inde. Car le mysticisme fondamental de l'Asie cherche la fuite de ce monde et tend de manière passive, par la méditation, vers le salut qu'apporte un principe impersonnel transcendant ineffable. Les religions dites prophétiques, au contraire, sont dynamiques; elles représentent la lutte contre le mal qui se passe ici-bas et concernant nous tous, elles s'adressent à un Dieu personnel plutôt qu'à un principe.» (Note dactylographiée préparée pour le programme, C. Regamey). «Si l'on me reproche qu'il y a dans cette musique des éléments stylistiques du XIXème siècle, je pourrai rétorquer qu'il y en a aussi du XIVème et, peut-être, ceux du XXIème siècle, sans oublier que le texte provient de l'Inde et que les moyens expressifs de la musique indienne y trouvent une place importante, surtout dans la partie vocale. Bref, comme presque toutes mes œuvres, celle-ci est "pluraliste", mais le pluralisme stylistique s'y justifie davantage: il s'agit d'un texte qui est en dehors du temps, qui ne doit se rattacher à aucune époque particulière; d'autre part les contrastes de sonorité, d' écriture (atonale, polytonale, franchement tonale), de style, servent ici à mettre en relief la forme tripartite de l' œuvre: d'abord la méditation et la concentration mystique cherchant à saisir, toujours plus intensément, dans un effort extrême, les visions indescriptibles de ce qui est ni l'Etre ni le Néant. Ensuite vient la manifestation fulgurante de la réalité avec sa variété infinie et son inextricable complexité.» ( C. Regamey, extrait du programme). Au sujet de cette œuvre, on peut aussi consulter l'article de Nicole Loutan: Visions de Constantin Regamey, in: Revue musicale de Suisse romande, 1980, n° 1, p. 21-29