La réussite scolaire des élèves dépend de plusieurs facteurs de nature différente : la recherche dans les sciences de l’éducation a aujourd’hui bien documenté l’influence du statut socio-économique, du genre et d’origine culturelle de l’élève. Cela produit des inégalités sociales que l’école et ses acteurs devraient mitiger. Dans ce mémoire j’ai voulu comparer les résultats de la recherche aux représentations de six enseignants de mathématiques et de sciences d’un établissement vaudois du degré secondaire I. Pour ce faire, j’ai mené des entretiens semi-dirigés et je les ai analysés de manière qualitative descriptive. Les enseignants sont conscients de l’importance des facteurs familiaux pouvant influencer fortement la réussite des élèves. Selon leur perception, la division en filières (VG et VP) caractérisant le contexte vaudois renforcerait les inégalités. Les enseignants accordent moins d’importance à d’autres facteurs tel le genre et l’origine culturelle : dans ce cas, les impressions des enseignants sont atténuées en comparaison avec les résultats de la recherche. Il semble que les enseignants craignent que l’individuation des différences induise automatiquement une catégorisation nuisible aux apprentissages. Cependant, cette invisibilisation des différences fait surgir des interrogations quant aux possibles conséquences sur les élèves. Les enseignants ne perçoivent généralement pas de différence de réussite selon le genre, bien qu’ils soient conscients d’autres différences quant à la manière de se rapporter à l’école et au travail scolaire. Deux enseignantes femmes ont mis en avant leur rôle de modèle pour les filles dans les branches technoscientifiques. Les pratiques enseignantes décrites dans les entretiens sont très variées et adaptées en fonction de l’élève et de la classe. Cependant, dans le discours des enseignants, les pratiques ne semblent pas être explicitement dirigées vers une réduction des inégalités qui sont l’objet de ce mémoire. Cela pourrait découler en partie de l’invisibilisation de certaines différences.