Résumé

Face aux inépuisables ressources de l’Art Brut et à la richesse des œuvres, comment l’enseignant peut-t-il se frayer un chemin avec sa classe ? En effet, si l’Art Brut se caractérise par une totale prise de libertés de ses auteurs qui n’hésitent pas à sortir du cadre et à inventer un nouveau langage, l’enseignant est au contraire l’héritier de la langue et de l’approche plutôt cartésienne de l’institution scolaire dans laquelle il s’insère. Dès lors, la vocation de l’Art Brut et la mission de l’enseignement entrent a priori plutôt en friction qu’en fusion. La question résonne presque comme une provocation. L’école contemporaine peut-elle trouver les moyens de faire des élèves des spectateurs réceptifs ? À l’inverse, quelle leçon l’Art Brut délivre-t-il à l’institution scolaire d’aujourd’hui ? Ce mémoire propose un double questionnement. D’une part, il interroge les moyens pratiques qui permettent une telle rencontre et suit une marche à suivre tripartite : la préparation en classe avant la visite, le déroulement de l’expérience en elle-même, comme l’engagement ultérieur dans un projet d’écriture scolaire y sont analysés. L’aventure est cependant orientée par une exigence car aujourd’hui plus qu’hier, un projet de classe se réfléchit en termes d’utilité et de progression des apprentissages. Le défi de l’enseignant, dans le cadre d’une telle activité, consistera à planifier un programme qui réponde à un certain nombre d’attentes sociales qu’elles soient issues des familles, de l’établissement, de la didactique, du plan d’études romand et surtout, en premier lieu, des attentes et besoins des élèves. Quel sens l’enseignant peut-t-il donner à sa visite à la Collection de l’Art Brut et au service de quels savoirs fondamentaux va-t-il orienter son projet avec la classe ? Un second questionnement portera dans une deuxième partie, sur la pertinence d’un projet d’écriture qui prend naissance à l’Art Brut. Le projet intitulé « C’est Moi qui raconte l’Art Brut » engage à la fois la rencontre avec l’auteur mais aussi la rencontre avec soi-même, soit deux positions énonciatives labiles et spéculaires. Que révèleront les écrits des élèves sur cet art hors du commun et, en retour, qu’est-ce que l’Art Brut leur racontera sur eux-mêmes ? Comment des adolescents en pleine recherche d’identité vont-t-ils accueillir dans le cadre d’un exercice réflexif cette part d’étrangeté et de mystère ?

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